40 ans d’histoire de l’ASM
Retracer les 40 ans d’activité de l’ASM, sans emprunter la précision de l’historien, mais en évoquant quelques impressions qui subsistent, voilà le but de ces quelques lignes.
On peut regrouper ces années en différentes périodes.
Cycle de réactions contre des projets jugés démesurés
L’association est née en 1985 du rassemblement de quelques Morgiens de profession libérale (autour du Dr Louis Golay) qui s’inquiétaient de projets urbanistiques que la Municipalité mettait à l’enquête. Ils les jugeaient démesurés et incompatibles avec le visage de Morges. Il s’agissait notamment de plans concernant la Baie, la rue des Charpentiers, l’usine à béton de Riond-Bosson. Cette contestation, qui parfois monta jusqu’au tribunal administratif, aboutit dans certains cas à des redimensionnements de l’objet.
Cycle de la protection de l’air et de la question de l’autoroute
En décembre 1985, la Confédération promulgua les Ordonnances pour la protection de l’air (OPAIR). Lorsque, les mesures entrèrent en vigueur, l’ASM se montra attentive à ce qu’on les respecte à Morges, où les analyses de l’air indiquaient une inquiétante pollution. Là encore, notre association obtint la diminution du nombre de places de stationnement de certains immeubles. Elle insista aussi sur la nécessité de réaliser des aménagements qui favoriseraient la sécurité et la continuité des itinéraires pour cyclistes, surtout pour les écoliers.
Mais bien sûr, il fut rapidement et abondamment question de l’autoroute. L’ASM participa activement à toutes les discussions qui poussaient à trouver des solutions aux nuisances de l’A1. Presqu’un gag: en réponse à nos requêtes, nous avons reçu du Conseiller fédéral en charge du dossier, Moritz Leuenberger, une réponse qui nous assurait qu’il veillerait particulièrement à résoudre le « problème de Morges ».
Cycle des conférences participatives
Pour mieux entrer en contact avec les Morgiens, grâce au bulletin, l’ASM lança des enquêtes sur des thèmes qui se renouvelaient chaque année : « Habiter la vieille ville », « Le commerce en ville », « La ville et l’enfant », « Le tourisme à Morges ». Chaque thème débouchait sur une conférence – nommée pompeusement « Forum ASM » – donnée par un spécialiste de la question. Certaines de ces soirées attirèrent un bon groupe d’intéressés. Malheureusement, si certaines personnes s’engageaient sur un thème et permettaient ainsi de tisser de riches contacts, les nouveaux membres n’affluèrent pas et l’ASM resta assez pauvre en moyen pour devenir un vrai mouvement citoyen.
Cycle du patrimoine
En 1998, l’historien du patrimoine, Paul Bissegger, publia le résultat de ses recherches sur la Ville de Morges. La présentation par cet ouvrage de « nos » richesses méconnues fut une révélation. Outre une conférence, M. Bissegger offrit une formation bienveillante aux historiens amateurs. Cette découverte eut une énorme influence sur notre association. A l’occasion d’une journée du patrimoine, ces nouveaux historiens organisèrent une opération « portes ouvertes », c’est-à-dire une visite des intérieurs privés remarquables de la ville. Le succès fut grand. Dans la foulée, l’ASM conçut son premier bébé, le groupe des guides de Morges. Programme annuel de visites thématiques, accueil de groupes, soirées-conférences par des spécialistes ou des guides livrant le résultat de leurs recherches personnelles, les activités foisonnaient. Au fil du temps, bien des personnes se sont engagées au service du patrimoine. Plus de deux décennies ont passé les guides de Morges continuent de le faire découvrir et admirer.
Cycle du sentier
L’ASM lança l’idée d’un sentier le long de notre rivière, ce sera son second bébé: là encore les collaborations furent nombreuses et bien concrètes, par exemple lorsqu’il s’agissait de manier la pioche. Après découverte du parcours, une belle inauguration devant l’école du Petit-Dézaley et une réception à Monnaz marqua la naissance du Sentier de la Morges. Il est devenu adulte, un peu ridé déjà. Donc, l’été passé, une autre fête, à Vaux cette fois, célébra la rénovation et prolongation de ce beau parcours, enrichi d’un astucieux dispositif didactique qui nous emmène à la suite de la châtelaine ou du meunier.
Et encore dans ce coup d’œil rétrospectif ?
Facile de monter en épingle quelques points d’un parcours de 4 décennies. Encore ne faut-il pas négliger l’activité habituelle qui constitue la charpente de l’association !
D’abord le bulletin qui, né de quelques pages dactylographiées à la fin des années 80, est devenu un cahier attrayant, mais ne cesse de réclamer une alimentation permanente. Il porte, entre autres, l’analyse des mises à l’enquête, elle aussi un travail au long cours. L’ASM réagit par des remarques ou oppositions quand il lui semble que les prescriptions urbanistiques ou l’esprit de la loi ne sont pas respectés. Fidèlement encore, le bulletin lance tous les 2 ans le prix du mérite. Les lecteurs y sont invités à exprimer leur jugement sur les réalisations architecturales récentes. Les votes permettent d’attribuer aux architectes un prix honorifique (qui reste bien symbolique, vu la pauvreté de l’association).
L’association s’est dotée d’un site internet bien conçu qui, lui aussi, demande à être nourri.
De manière plus générale, l’ASM a été conviée à participer, à titre d’observatrice, au travail de commissions planchant sur les grands projets morgiens. Elle a pu suivre notamment la naissance du projet de la gare et les discussions autour du projet d’agglomération Lausanne-Morges. Evi-demment, au fil du temps, elle ne manque pas de réagir à ce qui touche le territoire morgien.
En prenant de la hauteur
On se permettra quelques constatations très subjectives.
Durant ces 40 ans, notre association a été animée et a perduré grâce à l’engagement d’un nombre considérable de personnes qui, souvent avec une constance admi-rable, ont apporté leur générosité, leur savoir-faire, leur désir d’une ville réussie.
On pouvait rêver qu’elle devienne une grande association citoyenne relayant largement les préoccupations et désirs des habitants de Morges en matière d’urbanisme, un lieu de débat continuel constructif sur la ville et un centre d’impulsion pour une action au service d’une cité plus humaine. Le bilan reste modeste tant il est vrai que les membres actifs n’accourent pas en nombre, qu’il reste difficile de renouveler l’équipe, d’atteindre et intéresser les jeunes, les nouveaux habitants, les cercies éloignés, qu’il demeure presque impossible de mobiliser les personnes les plus compétentes. Ceta prive l’association de puissance pour être représentative, empoigner, rayonner …
Toutefois nous pouvons nous réjouir que Morges bouge et tant mieux :
La Municipalité cherche la participation des habitants. Le service de l’urbanisme, par exemple, a invité la population à imaginer l’aménagement de l’espace public au Sablon, à l’Eglantine. Les habitants sont consultés sur le Plan climat. D’autres groupes agissent dans des domaines chers à l’ASM. « Pro Vélo », « Morges en transition », etc.
Bravo à eux tous et … à nous. Que les Morgiens prennent en main leur magnifique ville !
Si l’histoire de l’ASM vous intéresse, n’hésitez pas à feuilleter les anciens bulletins, disponibles sur le site de l’association « asm-morges.ch ».
Jacques Longchamp